Kiki et la colère
Alexandre Dostie
Une création du Jaune écarlate en codiffusion avec le Centre du Théâtre d’Aujourd’hui
27 janvier au 14 février 2026

Texte
Kiki, le perroquet cockatiel, s’est enfui — pour Franky, c’est une tragédie. Une trahison qui ravive une colère aussi vieille que lui. Avec Nono, sa sœur cadette qu’il malmène plus qu’il ne la protège, il retrouve l’oiseau perché dans l’arbre le plus haut du quartier. Entre sérénade et menace, il jure que son vieil ami ne lui échappera pas. Mais plus il grimpe, plus il perd pied. Kiki sait tout de ses secrets. S’il devait parler, Franky serait à jamais condamné à ces blessures profondes que même l’amour de Nono ne suffit plus à apaiser.
Dans une langue tranchante et vibrante d’oralité, le cinéaste Alexandre Dostie signe une première œuvre théâtrale marquée par l’humour noir et l’émotion à vif. Kiki et la colère explore la transmission de la rage, les stigmates de la pauvreté, les rapports de pouvoir qui se rejouent d’une génération à l’autre. Sous ses airs de fable contemporaine, la pièce expose la vulnérabilité cachée derrière la violence et nous confronte à ces élans incontrôlables qui jaillissent quand les mots manquent. Une plongée percutante au cœur des fractures de l’attachement et du désespoir.
Interprétation
Mot de l’auteur
Le cœur est un oiseau
C’est de même que l’monde parle quand y se sentent impuissants… Ça sacre pis ça chiale. — Robert Towne
Quand j’étais petit, mon père a acheté un cockatiel pour mettre un peu de vie dans maison. Il s’était fait offrir un « bon deal pour un perroquet ». Ma mère trouvait que c’était moins de trouble qu’un chien. Qu’on risquait moins de le retrouver mort écrasé comme tous nos chats. C’était surtout ce qu’on pouvait s’offrir : un oiseau à rabais. Un mois plus tard, le cockatiel pognait la grippe. Comme c’était trop cher de le faire soigner et voulant éviter la honte d’être totalement floué par sa brève expérience aviaire, mon père a décidé de le revendre avant qu’y crève. Vingt-cinq ans plus tard, j’habite le quartier populaire de Sainte-Cécile à Trois-Rivières et je vois un homme gravir un arbre pour y rattraper son cockatiel en fuite. Quand il parle à son oiseau, il oscille entre la sérénade et les menaces de mort. L’oiseau s’envole. L’homme se révolte. Au fond, je reconnais son impuissance. Sa tristesse le tue, mais il n’a que sa colère pour communiquer sa peine. Je le comprends. Ça m’arrive aussi d’être visité par cette colère, la rage qu’on m’a transmise. C’est un sentiment d’une grande force, difficile à maîtriser. Parce que la plupart du temps, on ne sait pas quoi faire avec et la colère nous possède. Je sais que je ne suis pas seul à avoir reçu ce lègue. L’époque dans laquelle nous vivons a de quoi nous mettre en colère. Qu’elles soient profondes où qu’elles affleurent sur le quotidien, ses racines puisent à même l’injustice et l’impuissance, l’abus, la pauvreté et la honte, la violence… Des facteurs qui la font vieillir comme un bon vin. Assurant son cycle à travers le temps et les gens.
Avec Kiki et la colère, j’aiguise mes premières dents à l’écriture théâtrale. C’est Sarah Kane, qui m’a donné envie d’écrire cette histoire se déroulant aux extrêmes et dans lesquels mes personnages sont entraînés. C’est des gars comme Dalpé et Ducharme qui m’ont donné les outils pour l’écrire comme je voulais. Pour moi, c’est l’oralité et le pouvoir poétique du parler Québécois qui témoignent de l’impuissance de Franky, Nono et Kiki, des personnages aux frontières du naturalisme, authentiques et sensibles, abrasifs et darks. Je retrouve dans cette première dramaturgie des sujets qui sont chers à mes démarches de poète et de cinéaste : l’identité et le besoin de s’affranchir, tout en abordant les thématiques du lègue et de la transmission des traumas. J’ai choisi de raconter cette histoire au théâtre pour la proximité entre interprètes et spectateurs, la nature radicale du geste théâtral et cette tension qui vit et vibre avec le public. Un contact particulier, nécessaire pour explorer les possibilités de transmission de la rage et pour espérer la comprendre. Je pense au show et je me demande s’il est possible que le public puisse retrouver un peu de soi dans la colère d’un homme qui aurait perdu son cockatiel. Si comme moi, il voit dans l’imagination la possibilité de se libérer de cette cage dans laquelle Franky et Nono ont arrêté de grandir.
— Alexandre Dostie
Jaune écarlate

Alice Moreault et Noémie O’Farrell forment Le Jaune écarlate. En plus de créer leurs propres projets, elles ont pour mission d’agir à titre d’interlocutrices artistiques, de soutenir la production de créateurs et créatrices dont la démarche est parente à la leur et ainsi propulser l’émergence de nouvelles paroles théâtrales. Curieuses et polyvalentes, leur mandat prend racine dans la volonté de tisser des liens entre les disciplines, les médiums et les artistes qui les inspirent.
Actualités
Que j’tombe. Que j’me fende l’os du cul jusque dans tête. M’en caliss. Si j’le perds c’t’oiseau-là, j’me tue. Juré su’a bible, Nono. J’me clanche. Kiki c’est mon frère.
Extraits
Équipe de création
Scénographie
Lumière
Environnement sonore
Costumes, accessoires et maquillages
Conseil dramaturgique
Régie générale
Direction de production
Direction technique

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